L’association souletine Ikerzaleak a pu retrouver des documents de l’agent d’émigration Alexis Vigné de Tardets. Les listes de départ des émigrants qui ont traité avec cet agent d’émigration (période 1885-1925) ont été dépouillées et relevées. Elles sont en ligne sur le site de l’association : https://ikerzaleak.wordpress.com/

« Jean Vigné naît à Laguinge en 1857 et meurt à Tardets en 1927. Sa jeunesse se passe en Argentine ; il y fait un autre séjour dans les années 1890. De 1855 à 1890, et de la fin des années 1890 à 1927, il vit à Tardets et exerce les métiers de commerçant et d’agent d’émigration. Plus précisément il est sous-agent d’émigration de la société Colson qui a son siège à Bordeaux. Dans son magasin, il reçoit les candidats au départ vers l’Amérique, mais il propose aussi des articles de voyage: vêtements, toiles, bagages. Plusieurs de ses frères et sœurs sont établis en Argentine, et parmi eux Alexis Vigné (1855-1915) qui reste longtemps son associé.

Une partie de ses lettres se rapporte à son activité de commerçant: commandes, paiements de fournisseurs, réclamations auprès de clients lents à payer leur dû. Beaucoup plus importante est la correspondance en rapport avec son activité d’agent d’émigration : démarchage auprès des candidats potentiels au voyage, réservation des places sur les navires en partance, fourniture d’articles de voyage, aide aux émigrants pour leurs démarches (documents d’identité, successions, etc.). […]

Près de la moitié des émigrants qui ont fait appel à Jean Vigné sont partis entre 1885 et 1889. Cela confirme le constat fait par de nombreux chercheurs : un maximum de l’émigration basque et pyrénéenne s’est produit dans les années 1880-1890, avant une lente décrue. Vigné bénéficie de l’ouverture de la ligne de chemin de fer Mauléon-Puyoo en 1885. Le train lui permet d’acheminer en quelques heures, pour un prix modique, les voyageurs jusqu’à Bordeaux. La gare de Mauléon facilite le voyage des Souletins, mais aussi des Navarrais et des Aragonais désireux de rejoindre les Amériques. On connaissait la migration des hommes et des femmes de ces territoires frontaliers de la Soule pour travailler dans l’industrie de l’espadrille. Les registres Vigné montrent que les sentiers de montagne entre la Navarre, l’Aragon et la Soule sont aussi une voie d’émigration vers l’Amérique.

La guerre de 1914-1918 porte un coup d’arrêt presque total à l’émigration. Durant ces quatre années, il ne part que quelques personnes : des femmes ou des Espagnols qui vont rejoindre leur famille déjà installée en Amérique. »

Robert Elissondo